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Un plan d'action pour l'accès à l'énergie : autonomiser l'Afrique grâce à l'innovation et à l'investissement (Par NJ Ayuk)

L'Afrique doit montrer la voie avec des stratégies énergétiques équilibrées qui combinent le gaz à l'électricité avec des solutions pragmatiques en matière d'énergies renouvelables, telles que les systèmes DG et les micro-réseaux

Grâce à une combinaison adéquate de réformes politiques, d'innovations financières et de volonté politique, nous pouvons éclairer chaque foyer, chaque entreprise et chaque école

JOHANNESBURG, Afrique du Sud, 26 novembre 2025/APO Group/ --

Par NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l'énergie (https://EnergyChamber.org). 

Il y a quelques générations, aux États-Unis, les grands-parents rappelaient souvent à leurs petits-enfants à quel point ils avaient de la chance en leur racontant qu'ils devaient parcourir des kilomètres à pied pour aller à l'école ou faire leurs devoirs à la lueur d'une bougie.

Mais pour Emmanuel Malamba, 27 ans, qui a grandi dans le district rural de Nkhotakota, au Malawi, ce ne sont pas des récits nostalgiques, mais le reflet de sa vie quotidienne. Emmanuel Malamba, aujourd'hui étudiant diplômé en énergie durable à l'Université des sciences commerciales et appliquées du Malawi, a partagé son expérience dans une interview accordée au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur la pauvreté énergétique dans son pays.

Pour des millions d'Africains aujourd'hui, faire ses devoirs à la lueur d'une bougie comme le faisait Emmanuel Malamba reste une réalité quotidienne. Il en va de même pour les heures passées chaque jour à ramasser du bois ou du charbon de bois pour cuisiner (une tâche qui incombe de manière disproportionnée aux femmes) et le manque d'électricité fiable dans les hôpitaux et les écoles.

Il en résulte une productivité réduite, une croissance industrielle limitée et des possibilités restreintes de sortir de la pauvreté.

Comme le souligne le rapport « State of African Energy: 2026 Outlook Report » (État de l'énergie en Afrique : perspectives pour 2026) récemment publié par la Chambre africaine de l'énergie, la situation est particulièrement grave dans les zones rurales d'Afrique, comme la communauté d'origine de Malamba.

« Cette répartition inégale est largement due à de meilleurs investissements dans les infrastructures des villes, où la concentration de la population et des activités économiques rend plus viable la fourniture de services par les entreprises de services publics », explique le rapport. « En revanche, les régions rurales sont souvent confrontées à des défis tels que la faible densité de population, le coût élevé de l'extension des réseaux électriques et les faibles revenus, qui entravent l'expansion des efforts d'électrification. »

La situation est pour le moins décourageante, mais pas désespérée. Je suis convaincu que nous pouvons faire des progrès importants pour lutter contre la pauvreté énergétique en Afrique rurale grâce à deux approches clés pour fournir de l'électricité. La première est la production décentralisée (DG) : des systèmes électriques à petite échelle situés à proximité des lieux de consommation, qui reposent souvent sur des mini-centrales solaires, éoliennes ou hybrides. La seconde est l'utilisation de micro-réseaux, des réseaux localisés qui produisent, stockent et distribuent de l'électricité aux communautés qui ne sont pas connectées au réseau principal. L'extension traditionnelle du réseau est rarement envisageable pour les communautés rurales, mais les systèmes DG et les micro-réseaux offrent des solutions évolutives, rentables et de plus en plus sobres en carbone, qui peuvent fournir une alimentation électrique fiable aux écoles, aux centres de santé et aux ménages.

La situation désastreuse de l'Afrique

La pauvreté énergétique n'est pas propre à l'Afrique. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), près de 760 millions de personnes dans le monde n'ont toujours pas accès à l'électricité, et quatre sur cinq d'entre elles vivent en Afrique subsaharienne. Si la pauvreté énergétique recule à l'échelle mondiale, elle s'aggrave dans une grande partie de l'Afrique. La situation est particulièrement grave dans les régions occidentales et orientales, où les taux d'électrification s'élèvent respectivement à 59 % et 54 %, selon notre rapport Outlook 2026.

Les pays confrontés aux plus graves lacunes en matière d'accès à l'électricité sont le Burkina Faso, le Burundi, la République centrafricaine, le Tchad, la République démocratique du Congo (RDC), le Malawi, le Niger et le Soudan du Sud, dont les taux d'électrification sont tous inférieurs à 30 %.

Comment cela peut-il se produire dans le monde high-tech d'aujourd'hui, et pourquoi l'Afrique est-elle plus en difficulté que d'autres régions en développement ? Le rapport de la chambre cite plusieurs causes interdépendantes :

  • Infrastructures limitées : de nombreux pays africains ne disposent pas de capacités de production, de lignes de transport et de réseaux de distribution suffisants pour répondre aux besoins de leur population croissante.
  • Contraintes financières : le développement et l'entretien des infrastructures électriques nécessitent des capitaux que de nombreux gouvernements africains ne possèdent tout simplement pas. Les investisseurs privés pourraient contribuer à combler ce fossé, mais les risques politiques et réglementaires perçus continuent de dissuader les investissements.
  • Obstacles politiques et réglementaires : trop souvent, l'incohérence des politiques et les retards bureaucratiques font fuir les investisseurs dont l'Afrique a pourtant besoin. Les cadres transparents, prévisibles et favorables aux investisseurs restent l'exception plutôt que la règle.
  • Défis géographiques et démographiques : les distances considérables, le terrain difficile et la dispersion de la population rurale rendent l'électrification complexe et coûteuse.

Même lorsque des progrès sont réalisés, la croissance démographique rapide annule une grande partie des gains. L'Afrique subsaharienne compte environ 2,5 millions de personnes supplémentaires chaque mois, ce qui représente un défi énorme pour toute initiative d'électrification. Si ce rythme se maintient au cours des six prochaines années, 180 millions de personnes supplémentaires auront besoin d'un accès à l'électricité.

Et, comme souvent, les ménages ruraux sont systématiquement laissés pour compte. Selon l'AIE, l'extension des réseaux électriques traditionnels dans les régions vastes et peu peuplées peut coûter jusqu'à deux fois plus cher par raccordement que dans les zones urbaines. Dans de nombreux cas, les quelques clients desservis ne peuvent pas générer une demande suffisante pour justifier de tels investissements, laissant des villages entiers dépendants du bois de chauffage, du kérosène ou des générateurs diesel.

Les meilleures solutions pour aller de l'avant

L'Afrique ne peut pas se permettre d'attendre que l'extension des réseaux traditionnels rattrape son retard. Les communautés rurales ont un besoin immédiat d'électricité, mais les opportunités sont également immédiates. Grâce aux systèmes de production décentralisée et aux micro-réseaux, des villages entiers ont accès à l'électricité pour la première fois.

Soyons clairs : ces approches ne sont pas les seules réponses à la pauvreté énergétique en Afrique. Comme je l'ai dit à maintes reprises, il s'agit d'un défi complexe qui nécessite des stratégies à plusieurs volets, notamment des programmes de conversion du gaz en électricité tirant parti des ressources abondantes et plus propres de l'Afrique en gaz naturel. Mais la production décentralisée et les micro-réseaux recèlent un potentiel extraordinaire, en particulier dans les zones reculées où l'extension des réseaux traditionnels reste irréaliste.

Les systèmes décentralisés, tels que les unités solaires domestiques et les mini-réseaux, fournissent de l'énergie précisément là où elle est nécessaire : directement aux ménages, aux écoles et aux entreprises que les services publics nationaux ne peuvent pas desservir efficacement. Les systèmes solaires hors réseau fournissent déjà une énergie abordable et propre à des millions de personnes. En fait, ils représentent environ un quart de tous les nouveaux raccordements électriques en Afrique subsaharienne depuis 2020. Ils éclairent les salles de classe, alimentent les petits commerces et soutiennent la vie quotidienne d'une manière qui semblait autrefois impossible.

Le potentiel ne fait que croître avec les micro-réseaux. Ces réseaux localisés peuvent fonctionner de manière indépendante ou en conjonction avec les réseaux nationaux. Ils combinent des sources d'énergie renouvelables telles que l'énergie solaire, éolienne et hydraulique, souvent soutenues par des batteries afin de garantir une fiabilité 24 heures sur 24.

L'extension des réseaux électriques traditionnels dans les zones peu peuplées est extrêmement coûteuse et inefficace. Les lignes de transport peuvent coûter entre 19 000 et 22 000 dollars américains par kilomètre, auxquels s'ajoutent 9 000 dollars américains par kilomètre pour la distribution. Dans les régions où les habitations sont dispersées et où la demande est limitée, les services publics doivent facturer à leurs clients des tarifs reflétant les coûts afin de récupérer leurs dépenses, ce que la plupart des ménages ruraux africains ne peuvent tout simplement pas se permettre.

Les micro-réseaux, en revanche, offrent une solution plus rapide, plus abordable et plus durable. Ils nécessitent moins d'investissements en capital, éliminent le besoin d'infrastructures de transport à longue distance et peuvent être déployés en quelques mois plutôt qu'en plusieurs années. Avec une baisse des coûts des technologies renouvelables de 25 à 30 % depuis 2014, ces systèmes sont plus abordables que jamais.

Au Ghana, les mini-réseaux décentralisés se sont déjà révélés être l'option la moins coûteuse pour atteindre les communautés isolées. Ils éclairent les foyers, alimentent les petites entreprises et permettent la fourniture de services essentiels. S'ils sont déployés de manière stratégique, ces systèmes localisés pourraient favoriser une croissance inclusive et ascendante dans les zones rurales d'Afrique et enfin permettre les progrès que les réseaux centralisés ont eu du mal à réaliser.

Il est encourageant de constater que de nouveaux modèles de financement apparaissent pour accélérer ces progrès. Les systèmes de paiement à l'utilisation et les partenariats public-privé mixtes aident les développeurs à déployer les micro-réseaux plus rapidement et de manière plus durable. Au Nigeria, par exemple, une collaboration entre MTN Nigeria et Lumos permet d'alimenter en électricité solaire fiable des foyers et des petites entreprises qui étaient auparavant complètement hors réseau.

Tirer parti de l'opportunité

Pour que les systèmes de production décentralisée et les micro-réseaux atteignent leur plein potentiel, l'Afrique doit prendre des mesures délibérées pour renforcer les investissements, l'innovation et les capacités locales. Le rapport « 2026 Outlook Report » identifie plusieurs priorités qui, ensemble, constituent une feuille de route pratique pour progresser.

Tout d'abord, l'Afrique doit mobiliser des capitaux pour développer des infrastructures énergétiques évolutives. Le déploiement de micro-réseaux et de systèmes DG nécessite des investissements substantiels dans des panneaux solaires, des éoliennes, des batteries et des onduleurs. Le continent doit attirer davantage de capitaux privés et de financements pour le développement, et les canaliser vers des projets bancables et axés sur les résultats, capables d'élargir l'accès de manière rapide et durable.

Dans le même temps, nous devons développer des modèles de financement créatifs qui rendent l'accès à l'énergie abordable. Les systèmes solaires à paiement à l'utilisation, la microfinance et les systèmes communautaires transforment déjà des vies. En Afrique de l'Est, M-KOPA Solar a atteint plus d'un million de foyers grâce à de petits paiements mobiles quotidiens, tandis qu'au Ghana et en Afrique du Sud, des partenariats communautaires et municipaux prouvent que l'appropriation locale et la collaboration privée peuvent accélérer les progrès.

Ce ne sont là que quelques-unes des stratégies mises en avant dans le rapport de la Chambre africaine de l'énergie, qui ont toutes un objectif commun : rendre l'énergie fiable et abordable accessible à tous les foyers africains.

Comme le souligne le rapport, pour parvenir à l'accès universel à l'électricité d'ici 2030, il faudra investir plus de 30 milliards de dollars par an, soit plus de huit fois les niveaux actuels. Ce chiffre peut sembler intimidant, mais il représente l'une des plus grandes opportunités de notre époque pour ceux qui sont prêts à aider l'Afrique à construire un avenir énergétique moderne et fiable.

Il est encourageant de constater que des progrès ont déjà été réalisés. L'initiative « Mission 300 » en est un exemple passionnant. Lancée conjointement par le Groupe de la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, elle vise à connecter 300 millions d'Africains à l'électricité d'ici 2030. Entre mi-2023 et début 2025, elle a déjà touché 21 millions de personnes, et des projets sont en cours pour en atteindre 100 millions supplémentaires. C'est ce type de collaboration — entre les gouvernements, les financiers, les développeurs et les communautés — qui permettra finalement de transformer le déficit énergétique de l'Afrique en une histoire de prospérité partagée.

La voie à suivre est claire. L'Afrique doit montrer la voie avec des stratégies énergétiques équilibrées qui combinent le gaz à l'électricité avec des solutions pragmatiques en matière d'énergies renouvelables, telles que les systèmes DG et les micro-réseaux. Mais les investisseurs, les gouvernements et les partenaires de développement ont tous un rôle à jouer. Grâce à une combinaison adéquate de réformes politiques, d'innovations financières et de volonté politique, nous pouvons éclairer chaque foyer, chaque entreprise et chaque école de ce continent.

Le rapport « The State of African Energy: 2026 Outlook Report » (État de l'énergie en Afrique : perspectives pour 2026) est disponible en téléchargement. Rendez-vous sur https://apo-opa.co/48BLiJ1 pour demander votre exemplaire.

Distribué par APO Group pour African Energy Chamber.